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hommage
à jacques rozier
Marseille juin 2024

HOMMAGE À JACQUES ROZIER

9 & 28 JUIN 2024 | deuxième partie
dans le cadre du FID

édito

Jacques Rozier un des plus grands cinéastes français nous a quitté Il s’est éteint le 31 mai 2023, dans sa maison de Théoule-sur-mer, au flanc de l’Estérel, bercée par la mer. Immense cinéaste, fondateur de la Nouvelle Vague, entre autres, reconnu à l’international, il nous laisse avec ses films, merveilleux de vitalité, d’aventure et de joie…

En avril 2024 durant 3 jours, Extérieur Nuit a convié sept de ses amis, acteurs, collaborateurs, critiques à rendre hommage à cet immense cinéaste et a projeté quelques uns de ses films, dont 2 longs métrages restaurés : Maine océan et en avant première Fifi Martingale
voir la programme

Dans ce 2è temps en collaboration avec le FID, Extérieur Nuit propose en hommage à Jacques Rozier, la projection en avant première mondiale de Du côté d’Orouet, son 2è long métrage enfin restauré dans le cadre du FID pour marquer un an de sa disparition et la place évidente de ce cinéaste dans ce festival, lui qui a le plus gommé les frontières entre documentaire et fiction, et est même allé plus loin, comme l’écrivait Serge Daney dans Libération :

Le cinéma, c’est la vie, est-on souvent en droit de dire… Un film de Rozier, c’est autre chose, c’est comme la vie…Nuance abyssale ! Car la vie, …comme l’obstination de Rozier à ne faire que ce qu’il veut, la vie tient à un fil et à un pari sur le temps, sur » le fil du temps « . Et c’est parce que ce fil est ténu que Rozier est grand (et fou) de vouloir le montrer”
Libération – 17 avril 1986

 

ExtérieurNuit propose d’aborder les filiations de Jacques Rozier « Des histoires de transmission, une fois encore, et de transmission par le cinéma. Parce que, quand même, le cinéma n’est pas un art comme les autres… Cela veut dire que le cinéma a un rapport original à la filiation, et que quand le rapport s’arrête comme aujourd’hui, il risque bien de s’arrêter aussi et de se retrouver remplacé du jour au lendemain par des images d’un autre pays, par un visuel produit génétiquement. »
Serge Daney
L’Exercice a été profitable, Monsieur
Ed. POL 1993

Les filiations en amont sont bien établies avec Jean Vigo, cinéaste au sujet duquel Jacques Rozier a réalisé le documentaire « Cinéastes de notre temps : Jean Vigo » pour l’ORTF en 1964, celle avec Jean Renoir , dont Jean Douchet disait que Rozier en était le meilleur continuateur, mais aussi avec Marcel Pagnol, grand précurseur de la Nouvelle Vague et du néo-réalisme italien

En aval, elles sont à établir, et nous proposons Mathieu Amalric

Extérieur Nuit présente, en hommage à Jacques Rozier,
“Du coté d’Orouët”
restauré en avant-première mondiale
en partenariat avec le FID
et propose Mathieu Amalric pour représenter une filiation en aval.

DIMANCHE 9 JUIN

Pour information, allez voir :

Dimanche 9 juin | 18h00
dans le cadre du FID avant le FID

La chose publique

MATHIEU AMALRIC

France | 2003 | 83’
En présence du réalisateur

CINÉMA ARTPLEXE
CANEBIÈRE
125 La Canebière, 13001 Marseille

Extérieur Nuit choisit et propose Mathieu Amalric, réalisateur de grand talent, en plus d’être acteur.
Il a reçu plusieurs prix, dont celui de la mise en scène à Cannes en 2010 pour Tournée, ainsi que le prix Louis Delluc et le prix Jean Vigo en 2017 pour Barbara.
En plus de l’admiration et de l’amitié qu’il avait pour Jacques Rozier,
des similitudes sous tendent ses films. Dans “La chose publique”, entre autres, il choisit de faire jouer Bernard Menez, acteur qu’a découvert et lancé Jacques Rozier

vendredi 28 JUIN

En partant d’un canevas très simple, Jacques Rozier tisse une comédie poétique et contemplative, entre Ozu et Flaherty, passée par le filtre de la Nouvelle Vague. Tourné en 1970 et en 16 mm, Du côté d’Orouët n’avait connu qu’une sortie confidentielle en 1973. Enfin gonflé en 35 mm, ce film où resplendit Bernard Menez connaît une nouvelle naissance, et c’est tant mieux.
Loin d’être une simple curiosité, Du côté d’Orouët pourrait bien être le chaînon manquant des années 70, une alternative aux constructions baroques rivettiennes et aux logorrhées rohmériennes. En se maintenant dans le droit fil de la Nouvelle Vague, le cinéma de Rozier se situe bien loin des comédies faussement naturalistes, léchées et sentimentales (pas forcément
désagréables à regarder, d’ailleurs) d’un Pascal Thomas, auquel il fut souvent associé sans doute parce que l’un et l’autre faisaient tourner Bernard Menez. Allons même jusqu’à rêver que s’il avait été vu à l’époque où il est sorti, Du côté d’Orouët eût peut-être donné lieu à une plus nombreuse et riche filiation dont, cependant, Le Rayon vert est l’un des exemples évidents. Car Rozier montre qu’avec du style on peut faire du cinéma bon marché et intimiste sans pour autant faire du Rohmer.
Comme Partie de campagne de Renoir, Du côté d’Orouët est simple et lumineux, cruel et sensuel, léger et grave. Il n’aguiche jamais. Les conditions même de son tournage, son côté faussement inachevé (pas de générique de début, tout juste une musique) participent de sa beauté. Il suffit de le regarder pour comprendre.
 
Jean Baptiste Morain. Les inrockuptibles.         

Mathieu Amalric est un réalisateur de grand talent, et un acteur.
Comme réalisateur — son activité première car il considère être devenu « acteur par accident ».

Il a reçu plusieurs prix, dont celui de la mise en scène à Cannes en 2010 pour Tournée, ainsi que le prix Louis Delluc et le prix Jean Vigo en 2017 pour Barbara. On a pu voir « La chose publique » dans Le FID avant le FID, il développe également une œuvre documentaire dans laquelle il se passionne pour le travail d’autres artistes, Joann Sfar, Nicolas Bouchaud, Barbara Hannigan, et dans laquelle la musique occupe une place centrale, comme en atteste la réalisation de l’ensemble consacré au saxophoniste et compositeur new-yorkais John Zorn (Zorn I, II, III, sortis en salles fin 2023) et “Avant qu’il ne soit trop tard” programmé dans le FID. https://fidmarseille.org/film/avant-quil-ne-soit-trop-tard/

Jacques Rozier et Mathieu Amalric

 

Vendredi 28 juin | 20:45
Les Variétés 2
dans le cadre du FID  | ” Autres Joyaux du FID”

du côté d'orouët

JACQUES ROZIER
France | 1973 | 160’

Interprètes : Danièle Croisy (Joëlle), Françoise Guégan (Kareen), Caroline Cartier (Caroline), Bernard Menez (Gilbert), Patrick Verde (Patrick), Claude Burel (le vendeur de chichis), Arlette Emmery (la nouvelle employée), Dominique Constanza (la voisine de table)

Trois jeunes filles débordant d’enthousiasme et de vitalité s’échappent de Paris pour passer le mois de septembre sur la côte vendéenne. Gilbert, un chef de bureau un peu gauche, débarque au milieu du trio. 

 

GÉNÉRIQUE

Réalisateur : Jacques Rozier
Assistant réalisateur : Jean-François Stévenin
Scénaristes : Jacques Rozier, Alain Raygot
Dialoguiste : Jacques Rozier
Directeur de la photographie : Colin Mounier
Cadreur : Michel Frapier
Ingénieur du son : René Cadiou
Compositeurs de la musique originale : Gong, Gilli Smyth, Daevid Allen
Monteurs :  Jacques Rozier, Françoise Thévenot, Odile Faillot,
Sociétés de production : Antinea (Paris), Callipix Films, O.R.T.F. – Office de Radiodiffusion et Télévision Française, NEF – Nouvelles Éditions de Films (Paris)
Producteur : Vincent Malle
Distributeur d’origine : AMLF
 
 

« Jacques Rozier a retenu les leçons de ses maîtres, Jean Renoir, Jean Vigo, et fait, comme eux, un cinéma d’acteurs qui, au-delà de la théâtralité, contient la possibilité de reproduire les apparences de la réalité. (…) Jacques Rozier se promène dans la rue et voit dix sujets de films par jour : “Je regarde les gens. Je m’amuse, ou je suis ému. Les idées sont accessoires : je fais mes théories après. Orouët, c’est un film comme ça. Un film sur les vacances, qui est aussi un film sur le travail.” Avec du talent, de la tendresse, et quelques moyens, on peut atteindre l’état de grâce. »

Martin Even, Le Monde

Ce film fait partie des trois téléfilms coproduits avec l’ORTF, dont Yves Jaigu -assisté de Yves Laumet – était le Directeur des coproductions. Grâce à eux ont été tournés «Le Petit Théâtre de Renoir», «La Maison des bois» de Pialat, «Du coté d’Orouët» de Rozier.
Il était de règle d’y associer une maison de production privée.
Pour Du côté d’Orouet, cela a été la NEF de Vincent Malle.

Le film est tourné en 1969 dans les conditions économiques du téléfilm français à petit budget au format 16 mm. Devant le refus de la production d’abonder au financement de la réalisation, le tournage est achevé avec des bobines de films achetées à la Fnac par Jacques Rozier.

Le film a été présenté à la Quinzaine ds réalisateurs, en sélection parallèle du Festival de Cannes 1971.Il n’est sorti en salle qu’en 1973 mais le son en 16 MM n’est pas top… Il a été gonflé en 35 mm en 1996 grâce au festival de la Rochelle et a connu une sortie en salles.

Il marque le début au cinéma de Bernard Menez, découvert et choisi par Jacques Rozier, la veille de son départ pour le Québec où il partait enseigner et y vivre.
Jacques Rozier a décelé en lui une vis comica qui se révèle de manière éclatante dans ce film faisant appel à l’improvisation.

C’est le seul des films de Jacques Rozier qui n’ait pas été restauré de son vivant et par A17 et Extérieur Nuit. Une aide avait été accordée par le CNC en 2017, mais un problème de droit avec Gaumont, qui avait racheté le catalogue de La NEF, après le décès de Vincent Malle, n’avait pas pu être réglé juridiquement avec Jacques Rozier, qui détenait une partie des droits. C’est donc MK2 qui a dû négocier avec Gaumont, ce dont nous les remercions et explique ce délai. C’est une copie 35mm qui avait été projetée en ouverture de la rétrospective à la Cinémathèque française organisée en collaboration avec Extérieur Nuit en novembre 2021.