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Paparazzi

SAMEDI 13 NOVEMBRE 2021
20:30 – SALLE JEAN EPSTEIN 


VENDREDI 26 NOVEMBRE 2021
SALLE GEORGES FRANJU


 

Jacques Rozier
France | 1963 |  22 min | DCP

Avec Brigitte Bardot, Jean-Luc Godard, Michel Piccoli.

Sur le tournage du Mépris de Jean-Luc Godard, Brigitte Bardot doit affronter l’objectif des paparazzi omniprésents.

 


 

Restauration 2K réalisée en 2017 au laboratoire Hiventy. Film restauré par Jacques Rozier et la Cinémathèque française avec le soutien du CNC, de la Cinémathèque suisse, des Archives audiovisuelles de Monaco et d’Extérieur Nuit.

 


 

En 1963, Godard réalise Le Mépris avec Brigitte Bardot, constamment traquée par des hordes d’adorateurs, de journalistes et de paparazzi à l’affut du moindre cliché ou ragot. Lors du tournage à Capri, Jacques Rozier suit et filme les paparazzi. Avec la complicité de Bardot, il parvient à un récit romanesque, jouant sur le mensonge, le rapprochement feint et la distance nécessaire qu’implique le statut de star.

Samantha Leroy

À propos de “Paparazzi” et de “Bardot/Godard : le parti des choses”
par Jacques Rozier

« Godard-Bardot c’était un coup de tonnerre à l’époque: la star médiatique française tourne avec le réalisateur emblématique de la Nouvelle Vague – soit, pour le tout-venant, le mariage de la carpe et du lapin ! Godard je le connaissais, Bardot c’était le point d’interrogation. Je débarque à Rome, j’appelle Jean-Luc qui finissait la partie romaine du tournage, il m’invite à un cocktail pour me présenter Bardot, j’étais un peu impressionné. L’assistant opérateur me dit qu’un phénomène de photographes-pirates est en train d’apparaître: « plein de petits motards en Vespa traquent Bardot partout, on les appelle les paparazzi ». Je vois tout de suite le terme d’un point de vue graphique: il m’apparaît comme un beau titre. C’était un mot que personne ne connaissait encore en France. J’ai pensé que c’était «paperasse» en italien, alors que ça vient du nom d’un personnage de La Dolce Vita, Paparazzo: Fellini a inventé un pluriel à ce nom propre pour nommer ces nouveaux journalistes ! Bref, je dis à Bardot que je vais faire le paparazzi des paparazzi: « ils vous traquent, mais moi je vais les traquer ! ». Elle accepte alors très gentiment mon projet. Parallèlement, j’avais monté mon équipe légère dans l’esprit de ces années: efficace et qui ne se drape pas dans un professionnalisme ostensible et inutile !. J’allais donc ainsi faire Paparazzi.


Pour une séquence j’ai demandé à Bardot d’interpeller face caméra les paparazzi, afin que je les fasse ensuite répondre. C’est un « dialogue » que j’ai construit au montage. J’ai fait du film une sorte de fiction, une véritable histoire avec prologue, développement, épilogue. En plein montage, je tombe dans la rue sur un canard people avec une photo de B.B. dont j’avais la planche-contact : elle m’avait été remise par les paparazzi. Utilisée hors-contexte, on lui faisait raconter n’importe quoi. J’ai repris ça dans le film pour montrer les balbutiements de ces pratiques.
La voix-off de mon film dit « tu » et s’adresse à Bardot. Je tenais à éviter la troisième personne, ou un « je » de polar américain. Certains analystes assez fins y ont vu le tutoiement réservé aux dieux. Bardot s’est montrée au final heureuse du film – et elle ne s’est jamais servi de la liberté que je lui avais donnée de me congédier si ma présence la dérangeait.
Depuis, Godard me dit « quand je vois Paparazzi, je retrouve l’ambiance du tournage du Mépris »… Et moi quand je vois Le Mépris je retrouve mes souvenirs de Paparazzi ! »
Jacques Rozier. Propos recueillis par Rémi Boiteux.